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L’eau dans la Bible, un appel au partage ?

De la Genèse à l’Apocalypse l’eau est un thème récurrent. Découvrez comment la présence de cet élément, bien que plus symbolique que matériel, offre un regard nouveau sur notre responsabilité envers notre prochain.

Avoir accès à l’eau est un besoin de base de l’être humain. C’est pourquoi, lorsque Jésus enseigne à ses disciples à vivre dans la confiance en Dieu, il leur dit :

« Ne vous inquiétez donc pas, en disant : Que mangerons-nous ? Ou : Que boirons-nous ? Ou : De quoi serons-nous vêtus ? » (Matthieu 6.31)

Mais quand la Bible parle de pauvreté et de solidarité avec ceux qui sont dans le besoin, elle insiste davantage sur le partage de la nourriture (cf. Ésaïe 58.7, Proverbes 22.9 ou Luc 3.11) que sur la fourniture d’eau – même si celle-ci n’est pas absente pour autant (cf. Matthieu 25.35 ou Job 22.7 dans un sens négatif). Le souci « humanitaire » ne vient d’ailleurs pas au premier plan quand il est question d’eau.

Une image riche 

Pourtant l’eau est présente de la première à la dernière page de la Bible, des eaux primordiales au-dessus desquelles l’Esprit de Dieu planait (Genèse 1.2) jusqu’au fleuve d’eau de la vie coulant du trône de Dieu et de l’Agneau et à l’invitation :

« Que celui qui a soif, vienne ; que celui qui veut, prenne de l’eau de la vie gratuitement ! »
(Apocalypse 22.1 et 17)

Elle sert comme l’une des images principales pour parler du Saint-Esprit envoyé par le Christ (cf. Jean 7.37-39 ou Ésaïe 44.3). L’eau est porteuse d’un riche symbolisme – d’ailleurs ambivalent : l’eau donne la vie et purifie mais elle est aussi destructrice comme lors du déluge. Elle désaltère le peuple d’Israël dans le désert et elle noie les Égyptiens. La mer figure la menace qui finira par être éradiquée (Apocalypse 21.1 : « la mer n’était plus ») mais l’intervention salutaire de Dieu est décrite en ces mots :

« Les malheureux et les pauvres cherchent de l’eau, et il n’y en a point ; leur langue est desséchée par la soif. Moi, l’Éternel, je les exaucerai ; (moi) le Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai pas. Je ferai jaillir des fleuves sur les dunes et des sources au milieu des vallées ; je changerai le désert en étang et la terre aride en courants d’eau […] »
(Ésaïe 41.17-18

Une source de vie 

Parce que la raison d’être première de la Bible est de nous parler de Dieu et des choses divines, de la personne de Jésus et de son œuvre, la présence de l’eau au fil des pages de l’Écriture nous fait souvent glisser, comme dans les paroles du Seigneur avec la Samaritaine, de l’eau qui désaltère le corps quand on est fatigué à l’eau vive qui étanche la soif la plus profonde des humains (cf. Jean 4). L’Écriture Sainte n’est pas un manuel de développement communautaire qui s’attarderait sur le forage de puits et l’aménagement de sources d’eaux. 

Et pourtant, il serait faux de penser que la Bible ne nous parle d’eau que de manière symbolique et se désintéresserait de cet élément qui compte tellement dans notre quotidien que… nous y pensons généralement si peu ! La présence ou l’absence d’eau sont profondément inscrites dans ce qui fait la trame de notre vie. C’est pourquoi, dans la Bible, les puits sont l’objet de tensions mais aussi lieux de vie sociale (cf. Genèse 26.18-22, 29.1-12). C’est pourquoi aussi le Psaume 107 met en relation eau et lieu d’habitation : il décrit la façon dont Dieu tantôt prive d’eau une région « à cause de la méchanceté de ses habitants » et la rend de fait inhabitable et tantôt « change le désert en étang et la terre aride en sources d’eaux » où il « fait habiter les affamés » qui y « fondent une ville habitable » (versets 33-38). Fondamentalement, le Dieu créateur se présente comme « celui qui a fait le ciel, la terre, la mer et les sources d’eaux » (Apocalypse 14.7) Il a tout créé et il a rendu la terre habitable pour les humains

Une bénédiction à partager 

Comment habitons-nous le monde dans lequel nous vivons ? Le théologien et économiste Andrew Hartropp a fait remarquer que pour la Bible « [l]a justice dans l’allocation des ressources signifie que tout le monde participe aux bénédictions de Dieu, y compris les bénédictions matérielles. » Se montrer solidaire de ceux dont les conditions de vie sont moins bonnes que les nôtres a à voir avec le fait de contribuer à rendre le monde un peu plus « habitable » pour eux. S’il en est bien ainsi, gageons que nous ne pourrons pas faire l’impasse sur les questions d’accès à l’eau. En partageant la bénédiction du Dieu qui nous donne l’eau et en reflétant quelque chose de sa générosité, nous pourrons aussi faire signe vers cette eau vive qui jaillira jusque dans la vie éternelle et qui rendra habitable pour toujours la ville sur la description de laquelle s’achève l’Écriture Sainte.